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Les États généraux du film documentaire 2020 Histoires des formes

Histoires des formes


« On croit volontiers qu’une culture s’attache plus à ses valeurs qu’à ses formes, que celles-ci, facilement, peuvent être modifiées, abandonnées, reprises ; que seul le sens s’enracine profondément. C’est méconnaître combien les formes, quand elles se défont ou qu’elles naissent, ont pu provoquer d’étonnement ou susciter de haine ; c’est méconnaître qu’on tient plus aux manières de voir, de dire, de faire et de penser qu’à ce qu’on voit, qu’à ce qu’on pense, dit ou fait. »
Michel Foucault, Pierre Boulez, l’écran traversé, 1982

Repenser, réagencer, remonter : ces trois opérations – d’ordre conceptuel, pratique et historique – ont guidé mon travail de programmation en ligne pour ces États généraux du film documentaire qui n’auront pas lieu. Pour ne pas faire comme si « tout allait bien les amis », mais au contraire montrer ce trou dans sa virulence, nous avons décidé de revenir sur le travail accompli, c’est-à-dire sur plus de dix ans de ces « Histoire de doc » portées par le festival, auxquelles j’ai assisté en tant que spectateur avec Kees Bakker à la programmation ou sur lesquelles j’ai travaillé en tant que programmateur et historien. La tentative est celle de rouvrir ces chapitres de l’histoire cinématographique festivalière, traditionnellement axés sur la géographie et la diachronie, et de les déconstruire, en brouillant pistes et traces habituelles, en faisant dialoguer pays, époques, réalisateurs et films dans de nouvelles constellations. Ma seule boussole, l’idée de faire penser les films autrement, de les regrouper dans de nouveaux ensembles pour en tirer de nouvelles leçons d’histoire, comme disait Bertolt Brecht (et les Straub avec lui). Pour se plonger dans ces trois micro-histoires – esthétique (« De la mise en scène »), éthique (« Questions d’éthique ») et politique (« Politique de l’essai ») – le modèle chronologique linéaire n’a pas de pertinence cette fois-ci. Il faudra essayer plutôt de se laisser toucher par une homologie formelle révélatrice, par une rupture de rythme dans un programme, par un choc éthique qui vise à remettre en question des positions rigides et ossifiées. Qu’il s’agisse de la question de la mise en scène et de l’acteur dans le cinéma documentaire, d’une forme qui pense comme l’essai filmique et ses mille facettes, ou de questionnements provoqués par la violence/l’impudeur/le manque de bonne distance à l’écran, nous chercherons à engager avec le public un vrai lien de réflexion, tout en sachant que c’est lui le grand absent, et qu’il nous manquera.

Federico Rossin, Milan, été 2020


Programmation disponible uniquement sur Tënk.