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Les États généraux du film documentaire 2021 Édito

Édito


L’édition de l’an passé fut exceptionnelle parce qu’elle a eu lieu, à Lussas, et que nous nous sommes retrouvés physiquement pour regarder ensemble des films projetés dans une salle de cinéma ou en plein air. En trop petit nombre, bien sûr, mais avec des effets inattendus ou tout simplement oubliés. Le temps semblait ralenti, une décélération brutale, mais pour une part salvatrice. La prise de parole après les films devenait plus facile, plus prévenante et accueillante, mais pas moins critique. Plus besoin d’attendre sous le soleil devant une salle ou pour s’asseoir pour un verre ou un repas… Il nous semblait retrouver une convivialité des origines du festival – certes ternie par le poids de l’épidémie et ses effets pesant sur nos vies – mais plus nécessaire encore : après de longs mois reclus, nous retrouvions l’expérience d’un temps partagé.
Néanmoins, nous étions peu nombreux et parfois peinés pour les films proposés, malgré pour la majorité leur disponibilité précieuse sur Tënk. Cette année, nous prévoyons de nous retrouver plus nombreux, même si contraints encore par les restrictions qui s’appliquent à des événements publics d’ampleur comme le festival de Lussas. Le souhait de maintenir ce temps et cet espace partagé, et de concrétiser aussi le travail engagé depuis de longs mois avec de nombreux collaborateurs et collaboratrices a prévalu.
Nous avons repris le travail sur certaines programmations que nous avions suspendues, et plus particulièrement les séminaires. Le premier a été imaginé à l’occasion de l’anniversaire des vingt ans de l’École documentaire, un anniversaire qui se prolonge et se manifestera au cours de la semaine par les films d’anciens étudiants ou résidents, et se fêtera en images et en bal, nous l’espérons. Le séminaire « À l’école buissonnière ? » s’interroge sur la transmission du cinéma et se confronte à celles et ceux qui veulent faire, filmer ou « camérer ». Question de langage et de langue traduisant des états et des gestes, qui sera aussi débattue dans le séminaire « Écrire – Dialogues », qui accueillera trois dialogues sur les gestes d’écriture cinématographiques et littéraires, autour de deux films et un livre. Dans les deux cas, nous vous invitons à retrouver la forme d’engagement nécessitée par ces réflexions que nous aimons mener avec vous.
Nous allons pouvoir reprendre les rencontres avec les différents acteurs du documentaire, l’APPA, La Boucle, les Rencontres d’août et différents moments qui permettent la mise en lumière du travail de productrices et producteurs mais aussi celui d’écriture de réalisatrices et réalisateurs.
Nous retrouverons aussi les programmations de la Scam, portée par les membres du jury de la bourse « Brouillon d’un rêve », et de la Sacem, consacrée cette année à la compositrice Béatrice Thiriet et à l’écriture de la musique de films. La programmation « Expériences du regard », une sélection confiée depuis l’origine à des pairs pour une rencontre et un dialogue entre faiseurs de films, prolongera le regard sur les œuvres européennes francophones contemporaines. Quelques-uns de ces films seront également présentés sur Tënk, qui fête cette année ses cinq ans. Différents rendez-vous offriront l’occasion de marquer sa pérennité dans l’espace de diffusion du documentaire et plus récemment son soutien à la production.
Plus loin de par le monde et le cinéma, nous traverserons l’une des expériences de production autogérée la plus libre et foisonnante, celle du studio hongrois Béla Balázs, pour découvrir ensuite les expérimentations photochimiques et visuelles d’une traduction cinématographique de l’expérience sensible de la nature et du paysage australien avec Corinne et Arthur Cantrill, puis les errances poétiques, musiques de langues et de paysages d’Annik Leroy. La « Route du doc : Autriche », dont le cinéma s’avère être « une terre de transit, la situation géographique devenant une sorte d’état intermédiaire temporaire », proposera une approche qui croise celle de la programmation « Docmonde ». Ces films explorent et interrogent les façons d’appartenir à une famille ou un groupe, à un pays. Quelque chose de commun au cinéma documentaire, une part de liberté qui serait une tentative de transmission et d’inscription, d’habiter le monde et de s’approcher au plus trouble du vivant.

Pascale Paulat et Christophe Postic