Distances
Sébastien Rollot
2010 - 26 min - Digital vidéo - Couleur - France

À partir d'images filmées sur les îles de Java et de Bali en Indonésie, ce film vient restituer la sensation et l'abstraction de situations rencontrées au hasard sur la route. Ce documentaire expérimental part du désir d'attraper quelque peu l'agitation et l'imaginaire qui se présentait à mes yeux. Il n'y a aucun dialogue ni commentaire.
Je suis parti filmer sur ces îles avec la quête de nouveaux espaces, de nouveaux rapports. Il s'est alors très vite posé la question de la distance aux autres. Comment décrire une réalité partagée l'espace d'un moment. Comment trouver un point de contact entre sa réalité intime et celle de l'autre. Cette errance cinématographique, sans repérage, désire rendre compte de ces brèves rencontres sur ces terres indonésiennes. En laissant inscrire une durée dans le plan, on effleure un temps la réalité de l'autre, on accède à un espace, une relation, une distance avec ceux et celles que je filme.
Qu'il s'agisse d'un regard caméra qui questionne la présence du spectateur, de l'effort physique d'hommes au travail, d'une cérémonie religieuse agitée. On ne voit que des visages, des corps, des expressions, sans véritablement connaître la situation en jeu. Elle est ici accessoire, elle importe peu. On ne s'intéresse alors qu'à la sensation et au mouvement dans lequel on est entraîné. Sans repère, on erre dans le film et l'on s'accroche au langage des corps, des regards, à l'émotion d'une image et à l'histoire qu'elle peut nous raconter.
L'écriture du film nous entraîne ainsi dans un rêve, une mémoire fragmentée. On se laisse porter par la juxtaposition d'images brutes, sans artifices. Des hommes autour d'un feu, un train la nuit, des femmes qui se maquillent... Les séquences documentaires sont traitées de façon abstraite, sans visée anthropologique ou sociologique explicite. Ces images ne parlent que d'errances. Celles des corps et des imaginaires.
Ce film contemplatif et silencieux s'est ensuite prolongé par une collaboration sonore avec Pierce Warnecke, compositeur notamment de musique drone. Travaillant des espaces et des textures sonores sans structures ni rythmiques marquées, sa musique minimale, envoûtante et abstraite, est venue renforcer la sensation d'un mouvement continue, d'un temps et d'un réel sans rupture, implacable.