Un américain nommé Kazan
Claire Duguet
2019 - 52 min - Vidéo - Couleur et Noir & Blanc - France

Né en 1909, fils d’un commerçant grec de Constantinople, Elia Kazan débarque aux Etats-Unis avec sa famille à l’âge de quatre ans. Self-made man, il est une incarnation du rêve américain. Metteur en scène de génie, il a signé des chefs d’oeuvre comme "Un tramway nommé Désir" et "À l’est d’Eden". Il a découvert Marlon Brando et James Dean et a révolutionné le jeu en créant l’Actors Studio.
Pourtant, aujourd’hui encore, la simple évocation du nom de Kazan renvoie à une image moins glorieuse, celle du traître d’Hollywood. En pleine Guerre Froide, alors que la chasse aux sorcières a atteint son paroxysme, Kazan a donné les noms d’anciens camarades communistes.
Marqué au fer rouge jusqu’à sa mort, en 2003, à l’âge de 94 ans, sa vie et son oeuvre en ont été bouleversées comme nulle autre. Mais "ce qui ne tue pas rend plus fort", et pour Kazan son cinéma n’en a été que meilleur. En 1954, le succès inespéré et les huit Oscars de "Sur les quais" lui ont certes permis de prendre son indépendance, mais, pour autant, s’est-il jamais remis de sa collaboration au maccarthysme ?
Le documentaire vient mettre en lumière les ambivalences d’Elia Kazan, à la fois homme de gauche et patriote, rebelle et rangé, et qui se considéra toute sa vie comme un outsider. Amoureux de l’Amérique, ce pays qui lui a tout donné, il en est aussi l’un des plus grands critiques. Ses films dénoncent l’étouffement de la jeunesse, le puritanisme, la corruption…
Claire Duguet prend soin d’assembler les pièces du puzzle en replaçant la destinée de Kazan dans l’enchaînement chronologique des événements qui l’ont fait passer d’enfant chéri de Broadway et d’Hollywood à véritable paria.